samedi 15 juin 2013

Une activiste chinoise emprisonnée après avoir protesté contre l'abus sexuel des mineurs.


Une militante chinoise aurait été rouée de coups et détenue [anglais] par les autorités locales de la province du Guangxi. Quelques jours auparavant, elle avait manifesté devant une école primaire dont le directeur est accusé d'avoir abusé sexuellement six élèves.
Le 27 Mai, Ye Haiyan s'était postée devant l'école primaire de Wanning à Hainan, brandissant une pancarte où ces mots étaient inscrits: “Directeurs d'écoles, laissez nos enfants tranquilles, couchez plutôt avec moi!” Une photo de l'événement a circulé sur les médias sociaux chinois, et beaucoup d'internautes ont posté des images d'eux-mêmes avec des pancartes similaires.
Quelques jours plus tard, alors que Ye venait de rentrer chez elle au Guangxi, des membres de la police locale ont fait irruption chez elle et l'ont battue [anglais] sous les yeux de sa fille.
Huit affaires d'abus sexuel sur des enfants [chinois] ont été révélées le mois dernier par les médias locaux. D'après les journaux, les agresseurs étaient des directeurs d'écoles, des enseignants et des agents de sécurité.
Pourtant ces affaires ne sont que la partie émergée de l'iceberg, selon des recherches conduites par la All-China Women's Federation (ACWF) [anglais]. Ces trois dernières années, on a recensé plus de 2506 cas d'abus sexuel de fillettes dans la province du Guangdong [chinois]. La moitié des victimes sont des enfants de moins de 14 ans et 65% des agresseurs sont des connaissances de la famille de la victime.
Ye Haiyan protested in front of Wanning primary school in Hainon with a banner stating: "Principal, spare the school kids, open a hotel room with me instead!". Image via @Genderinchina from Sina Weibo
Ye Haiyan a protesté devant une école
de Wanning à Hainan,
avec une bannière où l'on lit:
 “Directeurs d'écoles,
laissez nos enfants tranquilles,
couchez plutôt avec moi!”
Image via @Genderinchina sur Sina Weibo
Dans le cas de l'abus sexuel présumé sur les fillettes de Wanning, les victimes ont été une fois de plus désignées comme “prostituées mineures” en adéquation avec la loi chinoise de “prostitution des mineurs”, qui donne cette appellation aux victimes si les suspects peuvent prouver qu'ils ont offert de l'argent ou des cadeaux aux enfants.
Même si la Cour Suprême Populaire a juré vouloir réprimer très sévèrement les abus sexuels sur des enfants, sans l'abolition de cette loi les criminels ne seront pas jugés en tant que violeurs.
Mais l'ACWF, qui est un organe du Parti Communiste Chinois, n'a pas appelé à une réforme légale. L'organisation s'est contentée de publier un manuel [chinois] qui enseigne aux enfants à dire non aux agresseurs.
A l'approche de la Journée de l'enfance le 1er juin, les Chinois ont pris d'assaut les réseaux sociaux pour exprimer leur colère envers les autorités. Ils ont sévèrement critiqué le Ministère de l'Éducation et l'ACWF, qu'ils accusent de ne pas protéger les enfants contre les abus sexuels.
De nombreux internautes ont suivi l'exemple de Ye sur la plateforme de microblogging Sina Weibo. Ci-dessous, un montage de photos assemblé par @genderinchina [chinois]:
A collage of protest photos put together by @genderinchina

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